Al-Qandussi : Une calligraphie de l’extase

Il est Abdullah Muhammad ibn al-Qasim al-Qandusi originaire du Qandassa, il se déplace à Fès vers 1828 où il a commencé sa vie d’herboriste et mystique. Soufi et grand Calligraphe, Al Qandussi est connu pour son style unique dans la calligraphie des noms saints qu’on retrouve aujourd’hui dans plusieurs lieux sacrés au Maroc.

Al Basmala

Il est aussi l’auteur de traités inspirés par Ibn Arabi (m. 1240) et la réalité Muhammadienne où il développe sa doctrine sur la haqiqa Ahmadiyya (dérivée d’Ahmad, son nom dans le ciel).
Cheikh al-Qandusi était connu pour être un majdhub, c’est-à-dire qu’il était enclin à des états spirituels exubérants, c’est-à-dire qu’il disait et faisait des choses qui étaient considérées comme inacceptables, mais qui, intérieurement, étaient correctes.

Celui qui contemple l’œuvre du Cheikh Al-Qandussi, comprends que le contexte de la production n’est pas un contexte prémédité qui se soumet à une recherche définie. Elle est une extase spirituelle graphiquement traduite. Al Qandussi essaie à travers ses œuvres de manifester sa sensibilité au verbe et au nom Divin, « Allah ». Ce nom est pour lui la quintessence des vérités, l’origine et la fin de la création. Sa prononciation phonétique commence par une ouverture phonétique de réception et s’achève par une expiration spirituelle de réalisation. Il s’agit aussi d’un mimétisme des formes organiques, comme ci le Cheikh faisait allusion d’une manière ou d’une autre à l’existence du Nom de Dieu dans toute forme et fond.

L’approche Al-Qandussi est holistique et ancrée dans la réalité psychologique et mystique, l’artiste extatique a essayé de s’approcher à la vérité imprononçable à travers la danse silencieuse, organique de la calligraphie. Cet exemple unique dans l’histoire de l’art musulman nous montre bien comment la symétrie n’était pas un souci visuel en soi, mais plutôt une orientation du regard vers un rappel de l’unicité. Que cela soit à travers une œuvre abstraite ou par une traduction calligraphique, tout effort de rapprochement doit vers la vérité primordiale.

Avec plus d’attention, le lecteur de l’œuvre doit remarquer aussi la présence d’une implication importante ; celle de la valeur du verbe. L’approche Al Qandussi nous fait penser à la peine intrinsèque à la recherche et l’expression du « vrai ». Dans un monde digitalisé où la légèreté de la parole est extravagante ainsi que l’art de représenter et de manipuler cette parole au nom des vérités. Nous avons besoin d’une approche profonde pour interagir avec la langue, non pas comme un moyen, mais plutôt comme l’unique arche qui peut éviter à l’Homme de se noyer dans l’absurde.